Pierre Bonnard photographe. Vacances en famille au Grand-Lemps

« Il s’agit de se souvenir de ce qui vous a saisi et de le noter le plus vite possible.» Pierre Bonnard

Pierre Bonnard a passé tous les étés de son enfance dans la maison familiale du Grand-Lemps, en Isère, esquissant ses premiers dessins dans la nature environnante. Hérité du grand-père paternel, grainetier dans le village, le Clos est un havre campagnard pour Eugène et Elisabeth Bonnard, ses parents qui vivent près de Paris avec leurs trois enfants. Quelques années plus tard, quand sa mère s’y installe définitivement, la demeure est agrandie, un atelier est aménagé pour l’artiste qui l’occupera lors de ses séjours. Il retrouve alors, dans une joyeuse effervescence, le cercle intime qui s’est élargi de plusieurs neveux. Andrée, sa sœur, a épousé Claude Terrasse, compositeur de musique et camarade de son frère Charles. Le couple partage avec Bonnard de nombreuses amitiés artistiques : les peintres Edouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel (du groupe des nabis), le musicien Henri Jacotot, et les collectionneurs Thadée et Misia Natanson, plus tard l’écrivain Alfred Jarry, les rejoignent volontiers en Dauphiné. Muni d’un des premiers appareils Kodak, Bonnard a fixé les images de ces moments heureux.

Bonnard a pratiqué la photographie en amateur, dans le cadre de sa vie familiale, de 1890 à 1910. Pour autant, il ne s’intéresse guère aux aspects techniques et ne tire pas lui-même les négatifs. De très petit format, les clichés instantanés font office d’études préparatoires pour ces tableaux, en parallèle des dessins. Ils ne sont pas totalement des modèles à reprendre, ils lui servent à saisir sur le vif l’atmosphère des scènes intimes qu’il peindra plus tard sur la toile. Le photographe rejoint ici le peintre dans une même vision originale, sujets, cadrages et, surtout, expression plastique, y sont souvent proches. Exceptionnellement prêtés par le Musée d’Orsay, ces tirages, légèrement agrandis pour l’exposition, nous permettent de ressusciter l’atmosphère de ces vacances idylliques et de retrouver les personnages et les lieux qui ont inspiré certaines des plus belles toiles de l’artiste, surnommé « le peintre du bonheur ».

Exposition réalisée par le Musée Hébert situé à La Tronche (Isère) avec la participation de l’Etablissement public du Musée d’Orsay à Paris, et présentée dans la salle d’exposition de la mairie du Grand-Lemps de juin à novembre 2010.