Le site historique
Ce patrimoine spectaculaire est le témoin d’un ordre canonial aujourd’hui disparu : les Hospitaliers de Saint-Antoine. Cet ordre rayonne sur toute l'Europe et compte plus de 370 commanderies, maisons de quête et prieurés à son apogée c’est-à-dire du XIVe au XVIe siècle. Mécènes, diplomates, ces moines-médecins furent dans bien des domaines des précurseurs. Le site abbatial de Saint-Antoine, siège de leur Maison-mère, témoigne de cette grandeur passée.
L’abbaye est définie selon un principe organisationnel établi lors du Concile d’Aix au IXe siècle : isoler le monastère du monde sans toutefois l’en exclure, ce qui nécessite un regroupement d’édifices derrière une double enceinte. L’église quant à elle répond aux particularités architecturales des grandes églises de pèlerinage au Moyen Âge. La Grande cour de l'Abbaye, lieu de sépultures et de processions jusqu'à la fin du XVIe siècle est bordée d'édifices dont la symétrie et la linéarité témoignent du classicisme des XVIIe et XVIIIe siècles.
Étape reconnue sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle ralliant la vallée du Rhône depuis Genève, Saint-Antoine constitue surtout un pèlerinage à part entière pour les pèlerins d’Allemagne du sud et de Lombardie jusqu’au milieu du XVIe siècle. Le pouvoir thaumaturgique des reliques du saint conservées dans l’église attire de nombreux malades victimes d’une des pandémies médiévales parmi les plus ravageuses : le mal des Ardents ou Feu Saint-Antoine.
Les malades se mêlent ainsi aux pèlerins et cette foule immense est à l’origine de la multiplication de lieux d’accueil comme les hôpitaux et auberges. Haut-lieu de pèlerinage et d’exercice de la médecine, présent sur la cartographie des sanctuaires incontournables, son évolution subit les soubresauts de l’histoire. Le bourg suit naturellement l’évolution de l’abbaye. De simple bourg castral au XIe siècle, il devient un bourg puissant, qui se structure au fil des siècles à l’ombre de l’abbaye tutélaire.