Aller simple pour le STO

Parmi les courriers que les Français redoutaient de recevoir sous l’occupation figurait assurément la convocation pour le STO, le Service du travail obligatoire. Instauré par la loi du 16 février 1943 sur pression de l’occupant allemand, le régime de Vichy réquisitionne tous les Français nés entre 1920 et 1922 pour les envoyer outre-Rhin remplacer dans les usines les ouvriers partis combattre sur le front de l’Est.

En Isère, comme l’indique cette convocation conservée dans les collections du Musée de la Résistance et de la Déportation, la Direction départementale du STO située Grand rue à Grenoble invite dans un premier temps le requis à se présenter à une visite médicale. S’il est déclaré apte il doit par la suite rejoindre la caserne Bizanet d’où il partira pour l’Allemagne, muni de deux jours de vivre et de ses bagages qu’il aura pris soin d’apporter avec lui. Il est précisé que « des sanctions très graves sont prévues contre les jeunes gens qui ne se soumettront pas à ce Service obligatoire ».

En effet cette loi extrêmement impopulaire pousse de nombreux Français à s’y soustraire. Ce sont environ 200000 réfractaires qui rentrent ainsi dans la clandestinité, dont un quart qui rejoint les maquis. Devenus hors-la-loi, ils sont alors traqués par la police et la Milice. Ce sont au final quelques 600000 « STO » qui partent contraints pour l’Allemagne. 30000 d’entre eux ne revinrent pas, la plupart étant tués dans les bombardements des usines d’armement dans lesquels ils travaillaient, quand d’autres succombèrent à leurs conditions de travail ou au traitement de leurs geôliers.