Un café et Radio Londres s’il vous plaît !

Le 17 juin 1940 au soir, à Bernin dans la vallée du Grésivaudan, la voix du Maréchal Pétain résonne dans le poste-radio du café tenu par le couple Ortolland. Le nouveau chef du gouvernement français, nommé la veille, annonce son intention de cesser le combat face à la déroute de l’armée française devant la Wehrmacht. Mais rapidement dans les jours qui suivent et malgré les risques encourus, les cafetiers vont « zapper » de la radio française vers la BBC, la radio britannique.

Une véritable guerre des ondes et de propagande est déclenchée dès l’été 1940 par les différentes stations de radios afin de pénétrer l’intimité des cinq millions de foyers français équipés de postes récepteurs. D’un côté émettent Radio-Paris (passée sous contrôle allemand) et Radio nationale (surnommée Radio-Vichy), et de l’autre émet Radio-Londres, nom donné aux programmes diffusés en français sur la British Broadcasting Corporation (BBC).

Radio ayant été utilisée à Bernin dans la vallée du Grésivaudan dans un café tenu par la famille Ortolland, qui faisait partie de la Résistance, sur laquelle était diffusée la radio britannique de la BBC, Radio Londres.
Radio TSF Pathé modèle 76 Modèle 1937 (N°5737 L), ), verticale à six lampes, compatible grandes ondes, petites ondes et ondes courtes en bois de noyer. Collections Musée de la Résistance et de la Déportation - Département de l'Isère. Inv. 92.08.01de la Résistance et de la Déportation - Département de l'Isère. Inv. 92.08.01

Écouter Radio-Paris ou Radio Londres n’est pas un choix anodin et peut vite se révéler dangereux si par inadvertance le sélecteur de son poste de radio TSF (Télégraphie sans fil) s’arrête sur la fréquence de la radio londonienne. Car écouter la radio de l’ancien allié anglais, devenue la voix de la France Libre du général De Gaulle, est interdit. Cependant, malgré la répression visant les auditeurs, le risque de confiscation des récepteurs, ainsi que les tentatives de brouillage des ondes par l’occupant, de nombreux postes s’allument discrètement chaque soir afin d’écouter l’émission « Les Français parlent aux Français ». Son ton novateur et humoristique détonne face aux très classiques et austères antennes officielles. Les messages codés adressés aux résistants donnent le sentiment de vivre la lutte armée de l’intérieur. De plus, les terribles attentats « terroristes » dénoncés par les radios collaborationnistes mais glorifiés en actes héroïques de la Résistance sur Radio Londres, ainsi que les décisives victoires militaires des forces de l’Axe devenues sur les ondes d’outre-Manche de grandes victoires alliées, redonnent confiance et espoir aux auditeurs de l’ombre.

Radio ayant été utilisée à Bernin dans la vallée du Grésivaudan dans un café tenu par la famille Ortolland, qui faisait partie de la Résistance, sur laquelle était diffusée la radio britannique de la BBC, Radio Londres.
Collections Musée de la Résistance et de la Déportation - Département de l'Isère. Inv. 92.08.01

À Bernin les propriétaires du café, surnommé Radio-Londres par ses habitués, ont rejoint la Résistance et cachent des armes dans leur jardin. Leur fille Simone, membre des Francs-tireurs et partisans (FTP), distribue des tracts, cache des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), et installe des postes d’infirmerie clandestins.

Malgré le risque encouru par la diffusion au grand jour de la radio anglaise, la famille Ortolland ne fut jamais dénoncée.

Portrait de Simone Ortolland, Lyliane dans la Résistance (Jouhandet)
Simone Jouhandet née Ortolland, Lyliane dans la Résistance. Collections Musée de la Résistance et de la Déportation - Département de l'Isère. Inv. 94.07.205

Description : Radio TSF Pathé modèle 76, 1937 (N°5737 L), verticale à six lampes, compatible grandes ondes, petites ondes et ondes courtes

Numéro d'inventaire : 92.08.01

Matériaux : Bois de noyer, bakélite, coton, lin, cuivre, verre

Dimensions : 46 X 45 X 30 cm

Poids : 12 kg