Un colis qui sent le sapin

En Isère le « 2^ème bureau » du groupement de Résistance de l’Armée Secrète tient méticuleusement un listing des collaborateurs à surveiller dont les fiches bien renseignées contiennent les noms, adresses et informations diverses concernant leurs activités :

« Agente Gestapo, a proposé à des personnes de les faire travailler pour les Boches », « Milicien », « Ex-employé au bureau de placement allemand, se promène beaucoup avec la Gestapo », ...

Ces fiches sont ensuite transmises au groupe-franc du mouvement Combat qui se charge alors des actions de représailles à mener.

Les collaborateurs les plus chanceux reçoivent un premier avertissement qui peut prendre la forme de l’un de ces cercueils leur signifiant qu'ils pourraient rapidement finir entre quatre planches s’ils ne cessent leurs actions servant les intérêts de l’ennemi ou s’ils ne changent de fréquentations. Déposés devant leur porte ou envoyés par la Poste, ces colis sont parfois accompagnés d’un courrier comme celui adressé à une commerçante grenobloise :

« Vous faites beaucoup parler de vous, nous vous surveillons de très près… Attention….. Nos menaces ne sont jamais vaines, vous devez le savoir. Sachez que personne ne nous empêche d’agir. Ier Avertissement. Contemplez l’effigie du timbre que porte votre enveloppe et méditez….. ».

Et pour cause ! Ce drôle de courrier, improbablement rédigé sur du papier à en-tête du Commissariat général au Service du travail obligatoire, est à la fois flanqué d’un tampon des Forces françaises combattantes à Croix de Lorraine, et glissé dans une enveloppe dont le timbre des Postes françaises arbore le portrait du chef de la France Libre, le général De Gaulle !