Les huit tapisseries présentées du 6 juillet au 2 novembre  font partie d’un ensemble de dix pièces constituant la tenture ayant pour sujet l’histoire de Joseph citée dans la Genèse (Gn 37-50) et sont aujourd’hui conservées dans les réserves du musée en attendant une présentation future et pérenne.

En effet du fait d’un état de conservation peu satisfaisant et afin de permettre l’accrochage des six peintures de grand format de Marc Chabry (1660-1727) à leur emplacement d’origine, ces huit pièces ont été déposées par la Commune de Saint-Antoine-l’Abbaye au musée départemental afin que celles-ci puissent être conservées dans de bonnes conditions.

En 2019, la dépose a été officialisée. Elle s’est accompagnée d’un traitement en conservation préventive : constat d’état, retrait de l’ancien système d’accrochage par anneaux, dépoussiérage avers et revers en micro-aspiration , dépose des toiles de doublage, conditionnement sur des rouleaux pour une mise en réserve de l’ensemble . Ces opérations ont été confiées à Martina Galli , restauratrice du patrimoine. Il est à noter que deux autres pièces avaient préalablement été déposées au musée de Saint-Antoine-l’Abbaye . Celles-ci sont depuis 2016 présentées dans le parcours muséographique permanent Chroniques d’une abbaye et ne font pas l’objet de la présente consultation.

La  tenture fut commandée en 1623 à Leonard de Vialleys, maître-tapissier et marchand aubussonnais par le chapitre conventuel de l’Abbaye et livrée  la même année. . En 1859, l’historien Victor Advielle précise que 10 pièces de tapisserie de laine sont conservées dans la Grande sacristie (sacristie Saint-Michel/Trésor). En 1917, il est projeté, après restauration,  de les installer dans le chœur en lieu et place des 6 peintures de Marc Chabry commandées en 1690. Cette nouvelle disposition sera  opérationnelle de 1934 à 2019.

Les personnages aux contours soulignés par un cerne brun portent d’amples vêtements aux plis matérialisés par un jeu de hachures qui confèrent à l’ensemble un certain mouvement. Les paysages figurés sur les pièces de cette suite, les bordures de fruits et de fleurs alternés tout comme les coloris employés, ne sont pas sans évoquer, par la simplification du traitement, les ateliers des Pays-Bas méridionaux du XVI^e siècle.

Le choix du sujet traité, proche par le message délivré mais éloigné à la fois de l’histoire de saint Antoine à qui est dédié le sanctuaire, ne permet pas de déterminer la destination de cette tenture : tenture de stalles ou plus vraisemblablement tenture ornementale pour les salles du chapitre, l’ensemble demeure l’un des rares suites de la première moitié du XVII^e siècle d’origine aubussonnaise. Au demeurant , le sujet, particulièrement en vogue au cours des XVIe et XVIIe siècle, objet de productions souvent de série, n’ arien d’anecdotique pour un ordre religieux alors en reconquête au lendemain de la réforme opérée entre 1617 et 1634.  

L’exposition De laine et d’or. Une histoire tissée au XVIIe siècle entend donc mettre en lumière cet ensemble exceptionnel lequel fera l’objet d’un traitement spécifique dans les ateliers de Martina Galli à partir du printemps . Le cycle de l’Histoire de Joseph se dévoilera alors au cœur d’une scénographie contemporaine offrant un parcours en trois séquences distinctes : La tenture d’une renaissance : le contexte artistique du XVIIe siècle / Un récit en miroir : un motif iconographique prisé / Les tapisseries, un art  entre savoir-faire et faire-valoir .