Fait main. Quand Grenoble gantait le monde

Du
25Mar 2022 19juin 2023
Fait main. Quand Grenoble gantait le monde
Audience
TOUT PUBLIC
Type
Exposition passée

Le port du gant remonte à des milliers d’années, mais il faut attendre le Moyen Âge pour que son usage s’étende et connaisse un véritable essor dans le courant du 18e siècle. À cette époque, à Grenoble, l’activité manufacturière de la ganterie s’impose comme un secteur florissant. Exporté notamment en Italie et en Allemagne, le gant de luxe grenoblois devient la première activité économique à faire rayonner la ville à l’étranger. L’exposition parcourt l’histoire de ce délicat atour, depuis son âge d’or au Second Empire jusqu’à son déclin au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Le gant de luxe fut avant tout féminin. Utilisant la peau de chevreau pour la finesse de sa texture et son toucher, il demandait un extrême savoir-faire qui s’est répandu dans tout le bassin grenoblois, transmis par des milliers de travailleurs répartis dans d’innombrables ateliers en Isère.

Dans les années 1830, Xavier Jouvin invente et perfectionne son système dit la « main de fer », qui consiste en un emporte-pièce à la taille et à la forme permettant de découper six gants à la fois. Les différentes tâches nécessaires à la fabrication d’un gant se spécialisent. Quand le travail de coupe est confié aux hommes, celui de couture est réservé aux femmes. Cet outil pousse le secteur de la ganterie vers une approche industrielle.

Toutefois, le gant reste un objet de luxe. La clientèle est essentiellement parisienne et étrangère. De la fin du 19e siècle jusqu’aux années folles, les grandes entreprises comme Perrin et Jouvin conquièrent le monde. Le renom du gant grenoblois est porté haut par des agents commerciaux aux États-Unis, au Canada, en Australie, etc.

Le déclin amorcé au sortir de la Seconde Guerre mondiale est aujourd’hui achevé et l’industrie du gant grenoblois a disparu. L’évolution de la mode, l’émancipation des femmes, les délocalisations, la concurrence asiatique ont eu raison de ce marché.

Les centaines de pièces présentées dans l’exposition invitent le public à côtoyer cette grande époque où la haute société paradait dans des atours luxueux… jusqu’au bout des doigts. Gants courts ou longs rivalisent de finesse et de talents artistiques. Reconstitué avec les outils du gantier, un atelier propose de retrouver les gestes des artisans qui ont participé à l’aventure de l’activité gantière à Grenoble.

 

Fait main. Quand Grenoble gantait le monde
Publication éditée par Glénat, collection Patrimoine
Auteurs : Audrey Colonel(*) et Anne Dalmasso(**)
Parution : 2 mars 2022. 96 pages, format 201 x 268 mm. Prix : 25 €

La fabuleuse histoire du gant de Grenoble. « Il n’est bon gant que de Grenoble » disait-on jadis. Et pour cause, la capitale des Alpes françaises fut pendant longtemps reconnue dans le monde entier pour la ganterie de luxe. Au XIXe siècle, l’industrie gantière prend son essor grâce à la mécanisation des tâches, ce qui décuple la productivité et la qualité des produits. L’apogée du « gant de Grenoble » dure un siècle environ jusqu’à la Seconde Guerre mondiale – une famille sur deux vit de cette activité dans la ville. Le gant en chevreau s’exporte dans le monde entier. La ville devient alors un centre de production mondial en qualité et en quantité. Des dizaines de fabriques fleurissent à Grenoble et à l’étranger. L’histoire du gant et ses attraits artistiques en font un bien culturel, tout comme les savoir-faire et les techniques liés à cette activité dont l’héritage est heureusement encore conservé.
À la faveur d’une exposition, le Musée dauphinois a sollicité deux historiennes spécialistes du sujet pour relater cette formidable aventure. Des origines à la patrimonialisation en passant par l’âge d’or de cette industrie, c’est là une passionnante et singulière histoire qui vous est contée.

(*) Audrey Colonel est doctorante en histoire contemporaine à l’Université Grenoble Alpes. Elle achève une thèse portant sur l’histoire des ganteries grenobloises de la Révolution à nos jours.

(**) Anne Dalmasso est historienne, professeure d’histoire contemporaine à l’Université Grenoble Alpes et spécialiste d’histoire économique et d’histoire des entreprises au XXe siècle.

 

Restauration de gants. Reportage France 3, 23 mars 2022

Préparation de l'exposition.
Reportage France 3 diffusé le 23 mars 2022

Avec Céline Bonnot-Diconne, conservatrice et restauratrice de cuir et Marie-Andrée Chambon, régisseuse au Musée dauphinois