L’ancien monastère de Sainte-Marie d’en-Haut

Détail du décor de la chapelle de Sainte-Marie d'en-Haut

 

En surplomb de la ville, à l’abri du tumulte et des tracas de la vie urbaine, se dresse le monastère de Sainte-Marie d’en-Haut, quatrième fondation de l’ordre de la Visitation. Né au XVIIe siècle de la rencontre de François de Sales (1567-1622) et de Jeanne de Chantal (1572-1641), cet ordre monastique féminin est l’expression du renouveau du catholicisme après une longue période de guerres de religion.

 

François de Sales

François de SalesDans un XVIIe siècle empli de violence mais aussi de renouveau ecclésial, François de Sales apparaît comme un maître spirituel, « prophète de l’amour ». Ses biographes le placent parmi les grands humanistes européens et reconnaissent ses talents littéraires. Un volume de la collection La Pléïade lui est même consacré en 1969.

Né en 1567 à Thorens-Glières (Haute-Savoie) dans une famille catholique, il reçoit d’abord l’enseignement des Jésuites à Paris puis rejoint l’université de Padoue pour suivre des cours de droit civil et de droit canonique. Naît alors sa vocation à servir une foi éclairée. Rejetant la carrière qui lui était offerte à la Cour de Savoie, il choisit la prêtrise en 1593 et s’installe en Chablais (Savoie), territoire gagné à la cause de Calvin, pour y ramener la foi catholique. Il obtient en peu de temps – et pacifiquement - des centaines de conversions, en glissant des lettres sous les portes des habitations, destinées à ramener les âmes à la foi catholique.

Par la suite, il devient coadjuteur de l’évêque de Genève en 1599 puis évêque et prince de Genève de 1604 à sa mort.

Guide spirituel, il écrit, enseigne, conseille, exhorte… Traduites dans plusieurs langues, Introduction à la vie dévote en 1609 et le Traité de l’amour de Dieu sont des publications qui font encore référence. François de Sales prêchait inlassablement la sainteté pour tous. C’est pourquoi il crée pour la première fois un ordre ouvert à toutes les femmes exclues jusque-là des grands ordres.

Il s’éteint à Lyon en 1622. Béatifié en 1661, canonisé en 1665, il est proclamé docteur de l’Église en 1877 et enfin saint patron des journalistes et des écrivains.

 

Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal (1572-1641)

Jeanne de ChantalFille du président Frémyot du Parlement de Dijon, Jeanne de Chantal épouse en 1592 le baron Christophe de Rabutin-Chantal dont elle aura six enfants. À la mort de son époux en 1601, elle choisit de se consacrer à Dieu et fonde l’ordre de la Visitation avec François de Sales en 1610.

À la mort de François de Sales, elle rassemble afin de les éditer tous les écrits théologiques de son « bienheureux père ». Ces documents réunis constitueront également un précieux témoignage pour la canonisation de François de Sales.

Elle suit la construction des monastères, s’assure de leur conformité aux directives de l’ordre ; elle supervise la fondation de soixante-quatorze monastères en France (dont celui de Paris où elle fut supérieure en 1619), en Suisse et au Piémont (elle fut supérieure de la Visitation de Turin en 1638).

Jeanne de Chantal meurt le 13 décembre 1641 à Moulins, âgée de près de soixante-dix ans. Mère Françoise-Madeleine de Chaugy, sa petite-nièce entrée à la Visitation et secrétaire, rédige les Mémoires sur la vie et les vertus de sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal. Béatifiée en 1751, elle sera canonisée en 1767.

Comme elle fut épouse, mère de famille, religieuse, mère supérieure, fondatrice de monastères et guide spirituelle, elle demeure la « patronne de toutes les vocations féminines ». Sa petite fille la marquise de Sévigné lui rendra hommage à de nombreuses reprises dans ses fameuses Lettres.

 

Du monastère au musée, quatre siècles d'histoire

Gravure de Saint-Marie-d'en-HautLe monastère est construit sur les hauteurs de la colline du Rabot, en bordure de la route qui mène alors de Grenoble à Lyon. Au XVIIe siècle, en effet, l’Isère coule encore au pied d’une abrupte falaise qui ne peut être contournée qu’en la gravissant. En 1621, tandis que les premières sœurs s’installent dans une aile du cloître, l’architecte Alexandre Coulliout n’est pas encore parvenu à achever son ouvrage. La forte déclivité du site a compliqué les travaux et exigé des adaptations du plan-type des monastères de la Visitation Sainte-Marie.

La montée Chalemont débouche alors sur une petite cour, dite « cour première » qui dessert, à droite, l’église, et à gauche, le parloir et les « chambres des tourières ». À l’arrière se trouvent le cloître et les bâtiments qui l’entourent. Cuisine, réfectoire, bûcher et cellier sont regroupés à l’ouest tandis que les cellules, ouvrant sur le cloître ou les jardins, se répartissent dans les étages des ailes nord et est.

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La chapelle baroque

Pose de la première pierre du monastère de Sainte-Marie d'en-Haut par François de Sales et Christine de France en 1619. Décor peint sous la tribune de la chapelleEn 1662, dans la perspective des fêtes qui doivent marquer la béatification de François de Sales, la chapelle est décorée de peintures murales. L'organisateur de ces fêtes, le père Ménestrier, en établit le programme, tandis que le peintre Toussaint Largeot les réalise.

Illustration : Pose de la première pierre du monastère de Sainte-Marie d'en-Haut par François de Sales et Christine de France en 1619. Décor peint sous la tribune de la chapelle

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Il était une foi... la Visitation

Film et animations interactifs
Le récit illustré de l'union spirituelle de François de Sales et de Jeanne de Chantal.

La chapelle baroque de l'ancien couvent de Sainte-Marie d'en-Haut est décorée de scènes religieuses, dont les symboles délivraient un message spirituel aux fidèles du XVIIe siècle. Le sens de ces images créées par Claude-François Ménestrier et Toussaint Largeot pour célébrer la canonisation de François de Sales, s'est égaré au fil du temps.

Au cœur même de la chapelle, un dispositif multimédia interactif donne les clés de lecture du récit de la fondation de l'ordre de la Visitation et du rôle de ses créateurs, François de Sales et Jeanne de Chantal.De courts films d'animation restituent de façon originale les secrets de cette histoire codée.

Quelques extraits ...

Repères historiques

XVIIe SIÈCLE

  • 30 septembre 1621 - Installation des premières religieuses.
  • 19 avril 1665 - Canonisation de François de Sales par le pape Alexandre VII.
  • 1666 - Toussaint-Largeot réalise le décor peint de la chapelle à partir du programme conçu par le père Claude-François Ménestrier.

XVIIIe SIÈCLE

  • 16 juillet 1767  -  Canonisation de Jeanne de Chantal.
  • 2 novembre 1789 - Les biens des religieuses sont mis à la disposition de la Nation.
  • 18 août 1792 - Suppression des congrégations séculières, des confréries ainsi que des couvents de femmes.
  • 21 avril 1793 - Le couvent devient une prison.

XIXe SIÈCLE

  • 1801 -  Rétablissement de la liberté de culte, mais pas des congrégations.
  • 13 décembre 1804 - Fondation de la communauté du Sacré-Cœur par Philippine Duchesne
  • 1808 - Ecole gratuite pour 250 jeunes filles.
  • 1816 - L'Instruction chrétienne devient « Dames du Sacré-Cœur »
  • 1832 - Les sœurs du Sacré-Cœur partent s'installer près de Lyon.
  • 1833 - Fermeture du couvent.
  • 1833 - Ecole normale pour l'instruction primaire et installation des sœurs de la Providence.
  • 1er décembre 1851 - Installation des ursulines. Travaux de restauration.

XXe SIÈCLE

  • 25 octobre 1904 -  Expulsion des ursulines.
  • 16 avril 1905 - Les biens de Sainte-Marie d'en-Haut sont mis aux enchères publiques.
  • 5 août 1905 - L'ancien monastère est adjugé à la Ville de Grenoble.
  • 1906-1920 - Les militaires investissent l'ancien couvent.
  • 20 avril 1920 - Départ des militaires. Installation de familles originaires d'Italie.
  • 1961 - L'école d'Architecture installe ses élèves, qui nettoient le cloître et les terrasses. Restauration de la toiture de la chapelle.
  • 3 novembre 1965 - Bâtiments et jardins sont classés Monuments historiques.
  • 1966 - Début des travaux de restauration.
  • 3 février 1968 - Ouverture des Jeux olympiques de Grenoble :
    première tranche de travaux achevée.
    Inauguration d'une exposition « Trésors du Musée dauphinois » par André Malraux, Ministre de la Culture.