La Révolution par le dessin

Si l’entreprise éditoriale des Tableaux historiques s’est échelonnée sur environ un quart de siècle (1791-1817), la publication en trois volumes de la première approche critique complète de ce « monument » de la Révolution française aura nécessité rien moins que six années, sans compter le temps de recherche et de réflexion de son auteur. Chaque tome consacré successivement aux gravures, aux textes et enfin aux dessins préparatoires aux gravures a accompagné une manifestation du musée. Ce fut, en 2002 une exposition intitulée La Révolution par la gravure, puis en 2005 un colloque dont le thème était La Révolution : écriture d’une histoire immédiate, 1789-1871, c’est aujourd’hui à nouveau une exposition : La Révolution par le dessin. 

Elles ont permis de mettre en valeur le travail remarquable conduit par Claudette Hould, professeur associée au Département d’Histoire de l’Art de  l’Université du Québec à Montréal (UQAM). 
Nul ne peut prétendre aujourd’hui ignorer une telle somme d’érudition qui aide à mieux comprendre non seulement l’importance reconnue depuis longtemps aux Tableaux historiques, mais aussi leur spécificité. En particulier, l’ouvrage de Claudette Hould permet d’envisager les Tableaux historiques comme un effort unique de médiation d’une décennie révolutionnaire par une poignée d’artistes et de journalistes, spectateurs, parfois acteurs de cette période charnière de l’histoire occidentale. De ce fait, il apparaît désormais évident de se référer à cette source en tant que témoignage historiographique de première main jailli de l’initiative, des choix et de l’enthousiasme de quelques personnes indépendantes, conscientes de l’importance de ce qu’elles vivaient mais aussi de l’audience de leur œuvre commun, vu et lu par des milliers de souscripteurs et leurs amis à travers l’Europe.

La collection complète des Tableaux historiques de la Révolution française constitue un exemple unique d’écriture et de représentation contemporaine de l’Histoire. L’entreprise éditoriale, active entre 1791 et 1817, est étudiée dans deux volumes consacrés aux gravures et aux textes qui les accompagnent, relatant les événements de la décennie révolutionnaire de 1789 à 1799. Dans ce dernier volet de l’étude, Claudette Hould examine les dessins préparatoires aux gravures. 

Le rôle initiateur du dessinateur Jean-Louis Prieur est rappelé et celui de ses continuateurs mis en lumière. Cette exposition souligne la complexité d’une création où le rôle des artistes dessinateurs et graveurs n’est pas toujours cernable, et les attributions hasardeuses. Aussi, les Duplessi-Bertaux, Swebach-Desfontaines, Girardet, Alexandre-Évariste Fragonard apparaissent liés dans un réseau de complicité, au cœur de bouleversements  politiques périlleux : l’éditeur Jean-Daniel Auber, aux commandes après Thermidor, avait demandé à ses collaborateurs – écrivains et artistes – d’adapter leur art à la nouvelle conjoncture politique.

Cette seconde exposition présente les dessins qui ont pu être localisés, ceux de Prieur, déposés par le musée du Louvre au musée Carnavalet et des dessinateurs qui lui ont succédé, retrouvés dans les collections des institutions – le musée du Louvre et le musée Carnavalet, la bibliothèque nationale et dans des collections particulières : 23 dessins inédits tirés de l’exemplaire Destailleur, conservé à la Library of Congress à Washington, ainsi que soixante vignettes dessinées par Duplessi-Bertaux pour les portraits au British Museum à Londres enrichissent un corpus demeuré incomplet.

Exposition organisée par le Musée de la Révolution française, avec le soutien du Ministère de la culture et de la communication, direction régionale des affaires culturelles Rhônes-Alpes.

Commissaire scientifique : Claudette Hould, professeur associé, Université du Québec à Montréal.

Commissaire général : Alain Chevalier, directeur du musée de la Révolution française, assisté de Caroline Lavenir, attachée de conservation.