Atlas des déplacements
Installation
« Le monde n’est qu’une branloire pérenne.
Toutes choses y branlent sans cesse :
la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Égypte. (…)
Je ne peins pas l’être, je peins le passage. »
Montaigne, Essais, livre III chapitre 2
Le sourire aux lèvres, Montaigne met en garde contre les illusions du paysage, qui semble figé alors qu’il est branlant. Regard des peintres, simple portion du visible, produit économique, traces du sensible, bien commun en péril : le paysage est tout cela à la fois.
Peindre le paysage, c’est peindre le passage du monde, affronter ces paysages qui ne tiennent pas en place, s’embarquer dans le projet fou d’un atlas de tous les déplacements. Nos mouvements s’appellent aujourd’hui flux et mobilité.
L’anthropocène, cette entrée dans une nouvelle période géologique marquée par les acteurs humains, n’est rien d’autre que la prise en compte des paysages en mouvement, en transformation permanente. À travers ses Atlas of movements qui ont donné leur titre à l’exposition, Christoph Fink traque année après année la danse ténue de ses voyages en tous genres. Tous les artistes présentés dans Atlas des déplacements expérimentent leurs formes d’espace-temps. Fernand Deligny invente ses « lignes d’erre », Cécile Beau jongle avec les millions d’années, Francis Limérat agence d’insaisissables flux, Chris Kenny rejoint le paradis en camion, Christo cache et coupe le territoire : tous nous aident à saisir ces paysages en mouvement comme des paysages-mouvements.
Exposition présentée dans le cadre de la manifestation Paysage-Paysages, portée par le Département de l'Isère.