Jean Achard. Un paysagiste à l'école de la nature Peinture
Du 13déc 2008 4mai 2009

Audience TOUT PUBLIC
Type Exposition passée
Pour Jean Achard (1807-1884), le paysagiste du Dauphiné, formé à « l’école de la nature », la peinture sur le motif est indispensable à la pratique du paysage. D’abord attiré par les montagnes qui l’entourent, il peint sur nature les études de ses premiers tableaux de Salon. Puis, installé à Paris pendant près de trente ans, il part régulièrement en quête de nouveaux sites et de lumières naturelles, travaillant dans l’Ain, en Normandie ou en Ile-de-France où il retrouve les paysagistes Boudin, Corot, Daubigny, Français, Jongkind, Troyon et son élève Harpignies. Il partage avec eux les nouvelles conceptions de l’école du paysage moderne. A partir de 1870, se retirant à Grenoble, il transmet son expérience aux plus jeunes.
L’exposition permet de reconsidérer les œuvres de Jean Achard en les rapprochant de celles de ses amis peintres nationaux et d’évoquer leur pratique du plein air. En parallèle, le séjour égyptien du jeune artiste et son engagement saint-simonien seront abordés dans le cabinet des dessins, révélant cet aspect moins connu de sa personnalité.
Dans le cabinet des dessins : Jean Achard. En Egypte avec les saint-simoniens

Jean Achard (1807-1884)
En Egypte avec les saint-simoniens - Exposition dossier
Le saint-simonisme, école fondée par le philosophe Henri de Saint-Simon prône une réorganisation de la société et de l’économie, l’égalité des sexes et la fin de « l’exploitation de l’homme par l’homme ». Ses adeptes, se distinguant par un costume coloré emblématique, organisent réunions et conférences partout en France pour recruter de nouveaux disciples. Le jeune Achard est visiblement séduit par ce « socialisme utopique » qui a marqué par la suite profondément la société industrielle et économique du Second Empire.
Après la condamnation en 1833 de ce mouvement par les tribunaux, quelques membres entraînés par Prosper Enfantin s’expatrient en Egypte où ils exercent comme médecins, professeurs ou ingénieurs et participent un temps à l’édification d’un barrage favorisant l’irrigation des terres et la navigation sur le Nil. Tous vivent alors dans un camp de toile, près de Giseh. Une épidémie de peste les contraint à regagner la France. Achard embarque en décembre 1835 accompagné du négociant grenoblois Genevois. Il devient professeur de dessin à Abouzabel, non loin du Caire où il rencontre un autre adepte, le docteur Lachèze, spécialiste de la peste. Il rentre en décembre 1836, en faisant une escale de quelques mois à Naples et en Sicile, d’où il rapporte les études présentées ici. C’est avec une œuvre orientaliste, « Vue des environs du Caire, effet du matin » qu’il participe à son premier Salon parisien en 1839.
Toute son existence a été marquée par cet engagement initial, ainsi que par les principes du saint-simonisme qui préconisent, entre autres, l’égalité des chances, l’éducation pour tous et dénoncent la propriété et l’héritage. Ils ont guidé son mode de vie : goût du partage et de la transmission, sens de la vie communautaire, perfectibilité et intransigeance, indifférence à l’enrichissement personnel et aux honneurs. Avec le temps, son idéal égalitaire ainsi que ses convictions républicaines et socialistes n’ont pas faibli. Parallèlement, il voit se diffuser largement, en France comme en Europe et à travers le monde, les idées du mouvement : le développement industriel, la création des banques, le libre-échangisme et l’instauration des œuvres sociales.
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