Entre scène et foyer

Le théâtre de la Révolution et de l’Empire se caractérise par, entre autres, les bouleversements du répertoire, la redéfinition ou la négation des genres, les combats esthétiques de la critique, l’engament politique des auteurs et des acteurs, leur confrontation au monde des amateurs, les attendus architecturaux de salles démultipliées. Ces évolutions semblent indissociables de la culture des apparences, des conditions matérielles et techniques du monde des spectacles.

Le présent colloque s’intéressera donc à la décoration des toiles de fonds de scènes et des bâtiments en général, aux objets de l’installation, à l’imaginaire et au symbolique qu’ils sollicitent, au sens des mutations que leur imposent les régimes successifs et qu’interprète une critique florissante, à défaut d’être toujours libre de préjugés esthétiques et idéologiques. La révision drastique du costume inspirée par Talma, le port sur scène des tenues patriotiques, les magasins d’habillement hâtivement constitués à partir des saisies révolutionnaires dans les garde-robes de la noblesse ou des gens d’Église, notamment pour les Sociétés dramatiques issues des sociétés populaires, seront tout autant étudiés. Si l’on essaiera de rencontrer les personnels, qui, depuis les coulisses, assurent la réussite de la représentation (accessoiristes, éclairagistes, perruquiers, etc.), l’on n’omettra pas les formes jugées plus mineures de l’art théâtral : les conditions de représentation du théâtre d’ombres ou des marionnettes, du théâtre de société ou d’éducation. Dépendant d’archives dispersées et partielles, de journaux ne taquinant pas toujours les Muses, ou au contraire en faisant une spécialité tournée exclusivement vers les riches heures de la capitale, nous n’omettrons pas les indications explicites ou implicites fournies par les dramaturges concernant le traitement de l’espace, des costumes et des accessoires, quoiqu’elles ne puissent forcément anticiper sur la réalité des conditions de la représentation et sur la variété des publics.

Philippe BOURDIN, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand