« Beaucoup d’Anglais pensent que la musique française est un mythe… » écrivait Berlioz que le maestro John Eliot Gardiner a respectueusement contredit : nul mieux que lui n’a célébré le génie de La Côte-Saint-André ! Et pour fêter ses 80 printemps, le fondateur du Monteverdi Choir et de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique nous offre Les Troyens en cadeau ! Qui donc imaginait entendre ce mythique chef-d’œuvre par Gardiner à La Côte-Saint-André alors que Berlioz lui-même n’a entendu que la moitié de son opéra à Paris ? 20 ans après l’historique production qu’il réalisa au Châtelet, pour le bicentenaire de Berlioz, John Eliot Gardiner recommence l’aventure ici, dans la Bièvre, à deux pas de la ferme où le petit Hector a rêvé du cheval de Troie et des exploits d’Enée (ce n’est pas anecdotique pour ce maestro, magicien des scènes et des champs, propriétaire de ferme lui-aussi…)

     Des mythes il sera question tout au long de cette édition dont il est impossible de reprendre tout le programme ici. Mythes antiques et littéraires – Prométhée, Hercule, Faust, Sisyphe, etc. –, inépuisables inspirations des musiciens, mais aussi mythes modernes et contemporains, œuvres extraordinaires – Nuits d’été, Symphonie fantastique suivie de Lélio, Harold en Italie, Mélodies irlandaises, Symphonie funèbre et triomphale (pour ne citer que des œuvres de Berlioz) – ou encore artistes/héros dont le rayonnement passé ou présent fut si important qu’ils se sont confondus à l’histoire – Rameau, Beethoven, Viardot, Schumann, Hugo ou George Sand (pris au hasard de la programmation)…   

     Ainsi La Damnation de Faust, qui sera donnée sous la direction du légendaire Charles Dutoit à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande. Thème de Faust que nous déclinerons en parallèle dans une exposition inédite du Musée Hector-Berlioz. Là se dérouleront deux journées de colloque où de grands spécialistes nous permettront de mieux connaître l’époque romantique. Car le festival se donne pour mission de faire rêver, vibrer, penser, rire et aimer à la fois ! Au Château mais aussi dans la maison du compositeur, aux Apprentis d’Auteuil, dans la belle église romane, le soir à la taverne ainsi que sous la Halle où rivalisent d’ardeur harmonies et fanfares …Et comme Berlioz ne craignait pas les kilomètres à pied, en arpentant le Dauphiné mythique, à Beauvoir-en-Royans, surplombant la rivière Isère, sur un flanc du Vercors, dans les vestiges du Saint-Empire romain et germanique pour y entendre les Carmina Burana (dont le codex original comportait aussi des textes en arpitan, langue oubliée de ce pays)… Là se déroulera la grande fête populaire du festival avec ses vieux métiers, ses chevaux, ses jeux de bois, ses pyrotechnies, ses repas gargantuesques et l’esprit des grandes foires où se retrouvent grands et petits !

     Les mythes nous racontent le monde, les artistes l’enchantent, profitons du bonheur de nous retrouver le temps du Festival Berlioz à La Côte-Saint-André !

Bruno Messina
Directeur du Festival Berlioz