La Révolution par la gravure, Les Tableaux historiques de la Révolution française : une entreprise éditoriale d’information et sa diffusion en Europe (1791-1817)

Du
21juin 2002 4nov 2002
Entrée du musée de la Révolution française © Franck Crispin / Département de l'Isère
Audience
TOUT PUBLIC
Type
Exposition passée

Les Tableaux historiques de la Révolution française sont une vaste publication étalée sur vingt-cinq ans qui a offert aux contemporains, dans l'ensemble de l'Europe aussi bien qu'en France, et à la postérité, une histoire imagée de la Révolution française exceptionnellement précise et vivante - changeante aussi - demeurée à peu près inconnue des historiens depuis la fin du XIXe siècle.

Lancé au début de juillet 1791, l’ouvrage projeté de 48 gravures accompagnées de textes et vendues par deux en livraisons mensuelles, allait connaître, après des remaniements successifs, cinq éditions entre 1791 et 1817 et totaliser dans l’édition complète en trois volumes 3 frontispices, 145 Tableaux gravés avec leurs discours explicatifs et 66 portraits.

Initiée par des artistes dessinateurs et graveurs, l’entreprise souffrit des agitations de la politique et connut plusieurs remaniements dans la structure éditoriale, dans la propriété de l’édition, dans le choix des collaborateurs - artistes et rédacteurs - et surtout dans les textes d’accompagnement qui ont varié à chaque édition reflétant, de la Constituante à la Restauration, les mouvements d’opinion selon les modes de gouvernement.

Les 48 premières gravures annoncées par le prospectus de 1791 étaient publiées en janvier 1794. Le cours des événements révolutionnaires et le succès de l’entreprise encouragea les responsables à la poursuivre et, en 1798, 80 gravures furent réunies dans un volume dont les textes avaient été remaniés pour les « dégager de toute rouille révolutionnaire. » ; on ajouta 9 gravures d’une entreprise concurrente relatives à des événements préliminaires à la Révolution.

En 1802, la publication, portée à 144 gravures auxquelles on ajouta soixante portraits, parut en trois tomes, les textes ayant subi de nouvelles modifications.
En 1804, une nouvelle page de titre permit à l’éditeur d’écouler les gravures en leur adjoignant les défets des textes des précédentes éditions et en ajoutant six nouveaux portraits.

Enfin, après le retour des Bourbons, parut en 1817 une édition simplifiée en deux volumes dont les textes des gravures étaient réduits à une notice descriptive et ceux des portraits modifiés dans un sens nettement bourbonien.

Rapidement, les gravures des Tableaux historiques connurent une diffusion européenne telle que des éditeurs étrangers les jugèrent assez représentatives et fidèles aux événements pour les contrefaire et les publier dans leur langue.

Dès 1794, commence à paraître à Amsterdam, en 25 livraisons, les Tafereelen van de Staatsomwenteling in Frankrijk dont les 77 tableaux reprenaient en grande partie les compositions des Tableaux français.

De 1815 à 1819, paraissent en Allemagne 84 planches gravées, presque toutes copiées des Tableaux français, dans le Denkbuch der Franzoesischen Revolution.

En Belgique, dès 1795, Chateigner offrit des réductions en médaillons de très nombreux Tableaux français, de l’Assemblée des notables en 1787 à la Pacification de la Vendée en avril 1795, et les réunit en huit grandes planches, totalisant 124 médaillons.

Enfin, on connaît un commencement d’édition en anglais d’après les Tableaux préliminaires.

Exemples probants de transfert culturel en Europe, ces gravures de facture savante et leurs contrefaçons, outre qu’elles offrent des représentations fidèles de Paris et de sa population à la fin du XVIIIe siècle, construisent, image après image, la mémoire des événements politiques et militaires survenus dans la France révolutionnaire jusqu’au 18 Brumaire. Les discours et les textes afférents traduisent les fluctuations des interprétations politiques des contemporains.

Commissaires : Alain Chevalier, Directeur du musée de la Révolution française, Vizille. Claudette Hould, Professeure d’histoire de l’art au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal.

Lieu

Domaine de Vizille - Musée de la Révolution française
Place du Château
BP 1753
38220 Vizille

Contact

Téléphone : 04 76 68 07 35