SIGMAR POLKE ET LA REVOLUTION FRANÇAISE

Du
29juin 2001 24Sep 2001
Entrée du musée de la Révolution française © Franck Crispin / Département de l'Isère
Audience
TOUT PUBLIC
Type
Exposition passée

Le musée de la Révolution française à Vizille organise du 29 juin au 24 septembre 2001 une exposition consacrée au cycle peint par Sigmar Polke sur le thème de la Révolution française. Pour la première fois seront exposés ensemble les vingt-deux tableaux que l'artiste a exécutés en 1988 et 1989, uniquement présentés à l'époque du Bicentenaire, en deux fois à la Galerie Crousel-Robelin/Bama à Paris. Depuis Sigmar Polke a toujours souhaité voir réuni cet ensemble aujourd'hui dispersé dans le monde entier, entre la Norvège et la Californie, qu'il considère comme unique dans son œuvre. S'inspirant de l'iconographie contemporaine ou commémorative de la Révolution française, Polke se livre à un jeu subtil de superposition d'images et de motifs sur les supports les plus divers, en utilisant de manière audacieuse des techniques graphiques et picturales très raffinées. Étant donné la pertinence de ce cycle de peintures par rapport au travail effectué à Vizille sur les images de la Révolution française et leur postérité au XIXème et au XXème siècle, cette manifestation y trouve parfaitement sa place.

L'unanimité se fait autour de Polke, tant pour reconnaître en lui l'une des très grandes figures de la création contemporaine, que pour dénoncer le paradoxe de son œuvre. Difficilement cernable en effet, Polke y mêle les genres, les techniques, les sources d'inspiration et les attitudes les plus contradictoires.

Dans l'esprit néo-dadaïste de Fluxus et surtout fasciné par Picabia, Polke entreprend une œuvre visant à la fois à destituer et à déstabiliser les processus conventionnels par un travail de sape. Passant de l'ironie au sérieux, du trivial au raffinement, il manifeste toujours une attitude provocatrice («En soi, une peinture est une immense ignominie»), car pour lui l'art est un moyen d'agir sur les mentalités et se doit d’être nécessairement subversif, décapant voire toxique comme le poison.

La prolifération d'images est ce qui frappe d'abord chez Polke. Qu'elles émanent de son propre imaginaire ou qu'elles soient empruntées à la bande dessinée, à la publicité ou aux magazines illustrés, elles témoignent, à l'instar des artistes du Pop Art, de la banalité quotidienne, traduite en images figuratives où ne sont exclues ni la laideur ni la vulgarité. Mais par goût de l'ambiguïté, Polke va détourner les images par multiples procédés, juxtapositions, télescopages, superpositions (empruntant à Picabia son procédé des transparences) en utilisant notamment la photographie dont la technique se prête particulièrement à ce genre de manipulations. L'inventivité et la désinvolture de Polke se manifestent également dans le choix des supports, privilégiant les supports textiles tels la toile à matelas, les rideaux défraîchis brodés aux couleurs végétales, les tissus d'ameublement à motifs floraux ou animaliers.

Ainsi, toute œuvre n'illustre et n'expose que ses composantes, et chacune est également signifiante. Y compris la violence «désacralisante» que manifeste Polke lorsqu'il entaille une toile, qu'il en plante une autre d'épingles ou qu'il en couvre d'autres d'objets – de la souris mécanique aux gants de jardinier.

Dans les années 80, Polke va poursuivre une recherche sur «l'alchimie de la couleur» et pousser l'audace jusqu'à  l'expérimentation technique de produits dangereux, de couleurs toxiques, de réels poisons, «pour éprouver la peinture, pour voir ce qui arrive». Comme ces couleurs, la peinture est à la fois poison et remède. Et le tableau devient un organisme vivant qui évolue dans le temps. Polke ne cherche ni permanence ni pérennité, mais plutôt l'altération, l'instabilité et la transmutation. Il se place «à l'affût, en attente de je ne sais quoi», pour dénoncer dans la dérision et la provocation, la médiocrité et l'abêtissement de l'homme, notamment de l'homme dans cette société de consommation.

Sigmar Polke est né en 1941 à Oels, en Silésie.

Commissaires : Alain Chevalier, Directeur du musée de la Révolution française, Vizille. Guy Tosatto, Directeur du musée des Beaux-Arts de Nantes.

Lieu

Domaine de Vizille - Musée de la Révolution française
Place du Château
BP 1753
38220 Vizille

Contact

Téléphone : 04 76 68 07 35