Le cèdre et le papyrus. Paysages de la Bible.
Rassemblant une diversité d’oeuvres, la nouvelle exposition du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye fait la part belle aux paysages qui ancrent, élucident et enrichissent les scènes bibliques. En effet, ce décor offre aux peintres, sculpteurs et enlumineurs leur principale source d’inspiration durant de nombreux siècles et constitue une histoire à part entière du paysage en art.
Comment, d’arrière-plan symbolique - voire abstrait -, le paysage devient progressivement un sujet central ? Que nous révèlent ces oeuvres de la vision du monde de leurs auteurs ; de la place de l’homme dans son environnement et de son rapport au divin ?
Visite guidée
Au travers de cette vidéo, Géraldine Mocellin, directrice du musée de Saint-Antoine-l'Abbaye, vous présente l'exposition Le cèdre et le papyrus. Paysages de la Bible.
Dans les montagnes, les ermitages étaient donc comme des tentes remplies de chœurs divins, chantant des psaumes, lisant les Ecritures, jeûnant, priant.
Athanase, Vita Antonii.
Ainsi Antoine l’Egyptien, ermite des montagnes et du désert de l’ascèse, constitue-t-il le point de départ de cette narration. Le désert initie le parcours et met en perspective des paysages emblématiques de la Bible, réels ou imaginaires. Reprenant les traditions antiques et bibliques, le symbolisme chrétien fait de la montagne un lieu d’échange privilégié entre Dieu et les hommes, l’imposant bientôt dans l’imaginaire médiéval comme la meilleure représentation du désert ascétique. Les artistes proposent dès lors une vision panoramique d’un univers peuplé d’ermites, la thébaïde. Le désert devient une cité.La montagne, lieu clos par excellence, s’anime dès lors de personnages, d’animaux et de végétaux. Les grottes font progressivement place à des cellules, des monastères ou de véritables bourgs. Le désert devient presque convivial, enclin à plus d’humanité. Il est le lieu des commencements et des possibles, de l’Exode, de la manne, des ermites, de la pénitence de saint Jérôme ou de Marie l’Egyptienne. Un corpus littéraire et iconographique se met en place conférant souvent aux paysages peuplés d’ermites et de saints une dimension fantasmagorique et symbolique. Déserts fantasmés de la lointaine Egypte, vues théâtralisées transposées aux villes et aux campagnes, jardins d’Eden luxuriants, ce sont autant de paysages sublimés.
La Bible fourmille de paysages que l’auditeur comme le lecteur mettent spontanément en images, et les artistes reçoivent alors commande de mille et une illustrations du texte sacré. Sous l’influence des franciscains le paysage, d’abord symbolique, prend de l’ampleur avec Giotto. En Flandres, le paysage est souvent introduit par une fenêtre intérieure au tableau qui cerne une part d’environnement et l’isole de la scène religieuse. Progressivement pourtant, des peintres comme Joachim Patinir, vont accorder autant de valeur à l’environnement qu’aux personnages. Néanmoins, il faut attendre le XVIIe siècle, Van Ruisdael et Carrache, pour que le paysage devienne le véritable sujet du tableau, ce qui peut être vu. L’œil humain et surtout le pinceau de l’artiste sont nécessaires pour faire du pays un paysage.
Loin d’être anecdotiques, les paysages de la Bible ont leur part tant dans la foi des hommes que dans leur plaisir esthétique.
Dans le cadre de PAYSAGE>PAYSAGES saison 4
Visiteurs anglophones >> retrouvez ici la traduction des cartels de l'exposition. (à télécharger)
Autour de l'exposition
Visites-flash de l’exposition Le cèdre et le papyrus. Paysages de la Bible avec Xaviera Bogaczyk, guide conférencière – D’une histoire à l’autre.
Regards sur l’exposition Le cèdre et le papyrus. Paysages de la Bible accompagnés par une guide-conférencière. Des visites courtes et vivantes pour découvrir les trésors de l’exposition temporaire.
En continu de 15h à 17h
Les dimanches 11 et 18 octobre et 8 et 15 novembre 2020