Musées Nationaux Récupération

De nombreux musées de France, abritent dans leurs collections un type d'œuvre qu'il est coutumier de désigner par les trois premières lettres de son numéro d'inventaire : MNR, pour « Musées Nationaux Récupération ». Derrière ce sigle se cache le passé mouvementé d'œuvres d'art singulières.

Qu'est ce qu'un MNR ?

Durant la Seconde Guerre mondiale, la conquête nazie s'accompagne de gigantesques spoliations d'œuvres d'art. L'ambition des dignitaires du IIIe Reich consiste à rassembler sur le sol allemand l'ensemble des œuvres d'art et des objets culturels témoignant de ce qui est considéré comme le génie germanique depuis le XVe siècle. A ce titre, les forces nazies s'emploient, en France, dès la fin de juin 1940, à lister, rassembler et expédier vers l'Allemagne des dizaines de milliers d'œuvres dont beaucoup satisfont également le goût des dirigeants nazis.

A la Libération, près de 60 000 œuvres ont ainsi quitté le territoire français, non sans avoir fait l'objet d'un travail de surveillance souterrain et audacieux de la part d'une femme aujourd'hui célébrée pour la courage et la lucidité qu'elle a opposés, quatre ans durant, à la puissance nazie. Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, est en effet la seule Française à s'être maintenue en ces lieux alors qu'y opéraient les équipes de l'ERR et d'autres organismes poursuivant des buts similaires (Dienststelle Westen, dans le cadre de la Möbel Aktion, et Devisenschutz-Kommando). Jour après jour, tout en œuvrant aux côtés des spoliateurs, Rose Valland s'emploie à analyser la provenance, le contenu et le lieu de stockage futur des ensembles d'œuvres qu'elle voit transiter au cœur de Paris. Ce savoir, patiemment accumulé, lui permet de faire connaître aux Alliés, à l'approche de la chute nazie, les importants dépôts de repli où est conservé le produit des pillages. Grâce à elle, les armées alliées préservent des combats ces entrepôts stratégiques, et en sécurisent le contenu.

Les caisses d'œuvres d'art sont ensuite rassemblées dans des dépôts provisoires, les « collecting points » : Dusseldorf en zone britannique, Baden-Baden en zone française, et surtout Munich et Wiesbaden en zone américaine. Historiens, historiens de l'art et experts y réorientent les œuvres vers leurs pays et collections d'origine, non sans que certaines, au fil des transferts, aient perdu le lien avec leurs propriétaires légitimes.

Dès 1945, la France fait des restitutions d'œuvres d'art une priorité. Parmi les 61233 objets retrouvés, 45441 sont restitués avant 1950, et 12463 vendus par l'administration des Domaines entre 1950 et 1953, tandis qu'une sélection de 2143 objets ou lots est confiée à la garde des Musées nationaux, soit que leur qualité soit exceptionnelle, soit qu'ils permettent d'enrichir les collections des musées en régions. Quelques faux et pastiches sont également retenus, afin d'éviter qu'ils ne soient remis en circulation sur le marché. Ces 2143 œuvres et ensembles, inscrits sur des inventaires spéciaux, sont désormais désignés par le sigle MNR.

Les MNR, de 1945 à nos jours. Afin que les restitutions puissent continuer, un décret prévoit en 1949 que les 2143 MNR soient exposés et inscrits sur des inventaires mis à disposition des personnes spoliées. De 1950 à 1954, ils sont présentés au public au musée national du Château de Compiègne, avant d'être déposés dans les musées du territoire français. Ils y attendent toujours de retrouver leurs propriétaires, ou les ayants droit de ceux-ci.

Au Musée de la Révolution française...

Mercure, Diane, Apollon et Polymnie, quatre tableaux de Charles Meynier (1763-1832) déposés en 2007 par le Musée du Louvre.

Œuvres récupérées à la fin de la Seconde Guerre mondiale, déposées en 2007 par le Musée du Louvre ; en attente de leurs restitutions à leur légitimes propriétaires. Inv. MNR 601, 603, 604 et 605.

Quatre tableaux décoratifs peints par Meynier peu après son retour d'Italie sont le fruit d'une commande privée pour un hôtel particulier parisien non identifié. Ils témoignent de l'intérêt que Meynier portait à l'Antique, de son sens de l'espace et de la monumentalité. Lauréat du prix de l'Académie royale en 1790 avec Joseph reconnu par ses frères en même temps qu'Anne-Louis Girodet, il fut pensionnaire de l'Académie de France de janvier 1790 au début de l'année 1793, date à laquelle les émeutes anti-françaises provoquèrent la dispersion des résidents du palais Mancini. Néanmoins, Meynier passa le reste de l'année à Florence. Il était de retour à Paris en 1794 et cherchait à se constituer une clientèle. Trois des statues sont d'après des Antiques célèbres.

Que faire pour présenter une requête sur un MNR ?

Il suffit d'envoyer sa demande à l'adresse suivante :
Direction générale des Patrimoines
Service des musées de France
6 rue des Pyramides
F - 75001 Paris